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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/355

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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

« (De Aere et Locis). Elle n’est indiquée par aucun des nombreux monuments d’antiquité figurée que j’ai vus. » Or, Hippocrate attribue cette mutilation, non aux Amazones, mais aux femmes sauromates. Je suis satisfait d’avoir lu, dans M. Lebas, que les anciens monuments (le temple de Phigalie avait été bâti 430 ans avant J.-C.) ne représentaient pas les Amazones avec la mutilation du sein ; Hippocrate n’est pas en désaccord avec eux là-dessus. Seulement il est probable que le passage du livre des Articulations où il est parlé des Amazones qui luxent les membres des garçons, et le passage du livre des Airs, des Eaux et des Lieux, où il est dit que les femmes sauromates s’atrophient une mamelle, ont été confondus et ont donné lieu à l’erreur de croire que les mythologiques Amazones se mutilaient ainsi ; erreur dont les écrits d’Hippocrate ont été peut-être l’occasion, mais dont ils sont aussi exempts que le temple antique de Phigalie.

De plus, en admettant avec les critiques modernes nommés plus haut, que le traité des Articulations contient des notions anatomiques plus avancées qu’on ne peut le supposer pour le temps d’Hippocrate, à quelle époque placer la composition d’un tel livre ? Ces notions anatomiques si avancées, on les attribue à l’école d’Alexandrie ; et cependant deux disciples d’un chef de cette école, Philinus et Bacchius, n’hésitent pas à regarder le traité des Articulations comme l’œuvre d’Hippocrate. Si ce livre renferme des notions qui ne peuvent appartenir qu’aux anatomistes alexandrins, Philinus et Bacchius se sont laissé tromper par un ouvrage qui a été fabriqué, pour ainsi dire, sous leurs yeux. On ne peut donc, en aucun cas, le regarder comme post-alexandrin.

Tout cela constitue un ensemble de preuves qui me paraissent valoir une démonstration ; et, conformément aux règles que je me suis faites, et d’après lesquelles je regarde