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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/37

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médecine avant hippocrate.

à l’existence de tous les animaux, et les poissons même le respirent avec l’eau ; idée fort juste, et qu’Aristote combat à tort. Toutes ces opinions sur l’air se retrouvent dans le livre hippocratique qui porte le titre des Airs[1].

Anaxagore de Clazomène, qui fut le maître de Périclès, est un philosophe dont les doctrines ont laissé des traces dans la collection hippocratique ; il supposait que le fœtus mâle est toujours du côté droit de la matrice, et le fœtus femelle du côté gauche. Cette opinion a été admise par Hippocrate dans les Aphorismes. Anaxagore plaçait la cause des maladies aiguës dans la bile. Voici ce qu’en dit Aristote[2] : « Anaxagore se trompe en supposant que la bile est la cause des maladies aiguës, et qu’elle se jette, lorsqu’elle est en excès, sur le poumon, les veines et les plèvres. » On voit que la théorie de la bile dans les maladies est antérieure à Hippocrate ; on distinguait même déjà la bile noire de la bile jaune. Il est aisé de prouver par le langage vulgaire combien ces idées étaient répandues, et qu’elles tenaient à une bien vieille médecine. Ainsi le poète Euripide dit : Est-ce que le froid de la bile lui tourmente la poitrine[3] ? La bile noire et la folie qui s’y rattachent sont dans Aristophane[4]. Ces mots étaient donc familiers à l’oreille des auditeurs, et ils appartenaient à des théories tombées dans le domaine public. Il ne faut pas s’étonner que toutes ces théories et tous les termes qui en dépendent se trouvent dans la collection hippocratique.

Démocrite fut le plus savant des Grecs avant Aristote, et

  1. Περὶ πνευμάτων.
  2. Des parties des animaux, liv. IV. chap. 2.
  3. Μῶν κρυμὸς αὐτῆς πλευρὰ γυμνάζει χολῆς ; Excerpt. vet. trag. et com. p. 431, Ed. Hugo Grotius.
  4. Μελαγχολῶντ’ άπέπεμψε μου τὸν δεσπότην. Aristoph. Plut. v. 12.