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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/40

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introduction.

avaient déjà popularisé une foule de notions médicales ; et l'on pourrait montrer, le livre d’Hérodote à la main, historien et tout-à-fait étranger à l’art de la médecine, que la nomenclature des maladies existait avant Hippocrate et ses disciples, que lui et eux n’y ont rien innové, et qu’ils se sont servis d’une langue faite par d’autres que par eux.

Le troisième élément de la médecine grecque à cette époque est dans les gymnases et dans les travaux de ceux qui dirigeaient ces établissements. Les Égyptiens avaient défendu la gymnastique de la palestre ; ils pensaient que des exercices quotidiens de ce genre procuraient aux jeunes gens, non pas la santé, mais une force peu durable et qui les laissait très exposés aux maladies[1]. Les Grecs, au contraire, se livrèrent avec passion à la gymnastique. Des établissements étaient ouverts où l’on enseignait les divers exercices. Les hommes qui y étaient préposés agrandirent insensiblement le cercle de leurs connaissances et de leurs pratiques. Ils s’habituèrent à traiter les fractures et les luxations qui survenaient fréquemment dans les palestres. Iccus de Tarente donna une attention particulière au régime alimentaire ; et cette partie, étudiée avec soin, prit un grand développement. On rechercha quels étaient les aliments qui contribuaient le plus à l’acquisition des forces ; on distingua les modifications qu’il fallait apporter dans la nourriture suivant l’âge et la constitution ; on s’habitua à reconnaître les changements qu’amène dans l’apparence extérieure un écart du régime habituel. En un mot, l’état de santé fut l’objet d’une observation minutieuse qui, on peut le dire, ne contribua pas peu à enrichir la médecine grecque et à lui donner le caractère d’unité et de généralité qui la distingue.

  1. Diod. Sicul., lib. 1, p. 75, Ed. Wechel.