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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/445

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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

crate, d’une maladie qui, abandonnée aux seules forces de la nature, était mortelle. Il serait facile de réunir plusieurs phrases marquées du même caractère d’affectation futile ; mais ce genre de critique laisse toujours des doutes, et j’aime mieux y faire voir des contradictions qui prouvent irréfragablement que tout ce récit n’est qu’un tissu de fable.

Suivant la Lettre de Pætus à Artaxerce, la peste, après avoir ravagé Athènes, passe dans l’Asie ; car cette lettre parle des services rendus déjà par Hippocrate et des honneurs qui lui ont été accordés par les Athéniens. Dans le Décret du peuple d’Athènes au contraire, il est dit que la peste venait de la terre des Barbares en Grèce[1]. Le fait est que la peste vint du pays des Barbares en Grèce, de la terre du grand roi dans l’Attique, d’Orient en Occident, comme la plupart des grandes épidémies ; Thucydide le dit formellement : « Quand la maladie attaqua les Athéniens, pour la première fois, le bruit avait couru qu’elle avait sévi en plusieurs lieux, et entre autres à Lemnos, et sur d’autres points… On assure qu’elle naquit d’abord dans l’Éthiopie située au dessus de l’Égypte, puis qu’elle descendit dans l’Égypte et dans la Lybie, et dans la plus grande partie de l’empire du grand Roi. Elle fit subitement irruption dans la ville d’Athènes, et c’est dans le Pirée qu’elle saisit ses premières victimes, à tel point qu’on accusa les Péloponésiens d’avoir empoisonné les puits. » Ainsi la lettre de Pætus, qui fait passer la peste de Grèce en Asie, contredit la vérité de l’histoire, et, ce qui est ici plus fort, elle contredit le Décret même, avec lequel elle a des connexions. Celui qui a composé ces pièces, voulant rehausser Hippo-

  1. Λοιμοῦ ἰόντος ἀπὸ τῆς βαρβάρων εἰς τὴν Ἑλλάδα. P. 536, Éd. Frob.