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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/449

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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

tances qui trahissent une composition apocryphe. Et je veux signaler encore quelques détails par où le faussaire s’est démasqué, en cherchant à mettre davantage leur authenticité à l’abri de la critique et du doute. Il cite, à diverses reprises, par leurs titres, le Pronostic, le traité sur la Maladie sacrée, celui sur la Tisane, le Prorrhétique, le livre des Maladies des femmes, le 5e des Épidémies. On pourrait m’accuser de pétition de principe si, pour montrer la fausseté des Lettres, je me servais de la démonstration où j’ai établi que quelques-uns de ces traités ne sont pas d’Hippocrate ; mais je remarquerai que nulle part, dans la Collection hippocratique, il n’y a de citations pareilles par les titres mêmes. Ce soin a été étranger aux auteurs hippocratiques ; ils désignent les écrits auxquels ils se réfèrent, par le sujet, non par le titre. Mais le rédacteur de ces récits a cru faire merveille que de nommer, dans une prétendue lettre d’Hippocrate, plusieurs des livres qui à tort ou à raison lui étaient attribués. Et remarquez encore ceci : tous les critiques anciens ont pensé que les deux livres des Prorrhétiques n’étaient pas d’Hippocrate ; la plupart ont regardé le 5e des Épidémies comme ne lui appartenant pas non plus. Or, qu’y aurait-il de plus authentique que ces livres, si mention en était faite par Hippocrate lui-même dans une lettre à Démocrite ? Il est donc de toute évidence que dans l’antiquité aucun critique n’a cru sérieusement à l’authenticité de ces lettres.

Une autre remarque, plus délicate peut-être, mais non moins probante, ressort de l’examen de ces lettres. L’ionisme n’y est pas semblable à celui d’Hippocrate. Ainsi on y lit : ἐθωύμασα ; or ce mot appartient à l’ionisme d’Hérodote. Le rédacteur a cru bien faire en prenant les formes ioniennes les plus tranchées, sans se douter que l’ionien d’Hippocrate n’était pas exactement celui d’Hérodote. Il a