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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/464

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introduction.

La médecine a souvent cherché à découvrir le moyen organique par lequel la cause véritable ou prétendue produisait la maladie. En cela, Hippocrate n’a pas échappé à l’influence des doctrines qui l’avaient précédé et qui régnaient de son temps. Déjà avant lui Anaxagore avait attribué les maladies à la bile ; Hippocrate les attribua aux qualités des humeurs et aux inégalités de leurs mélanges. La pathologie des humeurs a dû nécessairement précéder celle des solides ; car, long-temps avant de voir que les poumons étaient hépatisés dans la pneumonie et la plèvre couverte de fausses membranes dans la pleurésie, on s’était aperçu des modifications qu’éprouvaient dans les maladies l’urine, la sueur, l’expectoration et les excrétions alvines. Cependant Hippocrate, dans le traité de l’Ancienne médecine, admet, à côté de l’action des humeurs, celle de la forme et de la disposition des organes (σχήματα). Cette vue a été peu suivie, même par lui, et la théorie humorale prédomine toujours.

Suivant Hippocrate, la santé est due au mélange régulier des humeurs, c’est ce qu’il appelle la crase ; et la maladie procède du dérangement de la crase des humeurs. À cette opinion se rattache une doctrine qui est un des pivots de la médecine hippocratique. Cette doctrine est celle de la coction ; il faut l’expliquer avec quelque détail. Elle tient incontestablement à une autre théorie, à celle de la chaleur innée ; elles sont une conséquence l’une de l’autre ; mais elles n’en sont pas moins l’une et l’autre appuyées sur l’observation de phénomènes physiques : la chaleur innée, sur ce fait que le corps vivant a une température qui lui est propre ; la coction, sur cet autre fait que certaines humeurs, à mesure que la maladie marche vers sa terminaison, se modifient, s’épaississent, changent de cou-