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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/498

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appendice à l’introduction.

teurs, que plusieurs avaient composé un lexique des termes les plus difficiles employés dans les livres hippocratiques. De ces termes difficiles, les uns étaient des mots vieillis et tombés en désuétude ; mais d’autres étaient des locutions particulières aux Ioniens. Ainsi Bacchius nous apprend que le mot ποταίνια est ionien et signifie tout ce qui se donne en aliment ou en boissons. Le grammairien Xénocrite, un des plus anciens glossateurs d’Hippocrate, avait dit que le mot ἀλλοφάσσειν signifie, chez les Ioniens, non pas un dérangement de la parole, mais un trouble de l’intelligence ; ce sont là des remarques qui s’appliquent à des locutions locales, et non à l’ensemble de l’ionisme d’Hippocrate.

Artémidore Capiton, dans son édition si goûtée par l’empereur Adrien, avait supprimé l’ionisme au moins dans plusieurs cas. « Qu’il soit permis à chacun, dit Galien[1], de suivre l’orthographe qui conviendra ; les uns écrivent ὄσῃσι, par trois syllabes ; les autres ὁκόσῃσι, par quatre syllabes ; d’autres écrivent ὁπόσῃσι, remplaçant le κ par le π ; c’est ce qu’a fait Capiton dans tous les cas semblables. Il n’importe pas à la science qu’on écrive de telle ou telle façon. Je me suis attaché à exposer les leçons qui changent le sens ; quant à celles qui ne touchent qu’aux mots sans toucher aux choses, je les laisse écrire à chacun comme il veut. »

Galien ne s’était pas toujours montré aussi dédaigneux du soin d’étudier le dialecte de son auteur favori, de celui auprès de qui il se plaisait tant, au milieu d’une décadence qu’il pressentait instinctivement, à réchauffer son génie puissant et son désir actif de savoir. Par une contradiction avec les paroles que je viens de rapporter, il avait étudié lui-même la dialectologie hippocratique. En parlant d’une certaine locution, il dit : « Elle est familière aux Attiques dont Hippocrate emploie jusqu’à un certain point le dialecte. Aussi quelques-uns ont-ils dit qu’il s’était servi de la vieille langue attique. J’ai exposé dans un opuscule à part ce que je pense du dialecte d’Hippocrate[2]. » On le voit, Galien avait composé, sur l’ionisme du médecin de Cos, un petit traité qui nous serait

  1. T. v, p. 422, Éd. Basil.
  2. T. v, p. 525, Éd. Basil.