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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/579

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argument.

die, les humeurs se modifier et se lier, par leurs modifications mêmes, aux conditions de ces deux états. Il en conclut que la santé est maintenue par le juste mélange des humeurs, et que la maladie est produite par leurs inégalités. Il admit encore, attendu le changement de ces humeurs, qu’elles subissent une coction qui les fait rentrer dans leurs justes limites. Enfin, le temps étant une condition nécessaire du développement pathologique, il essaya de constater la règle des crises et des jours critiques.

Tel est son système ; mais, remarquons-le bien, il n’a cru, dans tout cela, faire aucune hypothèse ; car il appelle hypothèse ce qui est une pure conception de l’esprit, sans démonstration possible ; et lui, il s’appuie sur des faits et des observations dont il pense faire un légitime usage.

Le temps, qui a passé sur sa méthode sans l’altérer, n’a pas respecté son système. J’ai parlé ailleurs, en général, de la pathologie humorale, de la coction et des crises[1], et je retrouverai plus loin l’occasion d’en examiner certaines applications particulières. Seulement je ferai remarquer qu’Hippocrate a essayé d’ajouter, à sa doctrine des humeurs, quelques notions sur l’influence de la structure des organes. Mais là l’imperfection des connaissances de son temps ne lui a pas permis de s’élever à des considérations étendues ; et, en comparant le

  1. Voyez à ce sujet le livre de M. Houdart, intitulé : Études historiques et critiques sur la vie et la doctrine d’Hippocrate, Paris 1836. M. Houdart combat, avec beaucoup de vivacité, les points principaux du système hippocratique. Il a très bien saisi le caractère pronostique de ce système, caractère qui a déterminé la rédaction des histoires particulières des Épidémies. Il a traité, avec une grande liberté d’esprit, toutes les fables dont on a orné la vie du médecin de Cos ; enfin quoiqu’il ne se soit occupé qu’en passant de l’authenticité des différents écrits de la Collection hippocratique, il a reconnu et montré, comme avait fait avant lui M. Ermerins dans sa Thèse, que les Prénotions de Cos ont servi de matériaux au Pronostic d’Hippocrate. On voit que le livre de M. Houdart est un ouvrage où j’ai puisé des idées et des démonstrations qui m’ont instruit.