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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/58

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introduction.

pocrate, ayant appris des ambassadeurs quels vents régnaient surtout dans leurs contrées, refusa d’accéder à leurs demandes ; mais qu’ayant conclu de leurs réponses que la peste allait venir dans l'Attique, il prédit l’arrivée de ce fléau, et dispersa ses élèves dans les villes de la Grèce. Varron[1] faisant allusion à un pareil récit, dit : « Le médecin Hippocrate n’a-t-il pas, dans une grande peste, sauvé non un seul champ, mais plusieurs villes ? » « C’est pour ces services, dit Pline[2], que la Grèce lui décerna les mêmes honneurs qu’à Hercule. » Varron et Pline sont très antérieurs à l’auteur de la vie d’Hippocrate, et, comme lui, ils ont dû emprunter ces détails au Discours qui est attribué à Thessalus, fils du médecin de Cos, et qui figure, dans la collection Hippocratique, à côté des Lettres d’Artaxerce, des Abdéritains, et de Démocrite. Cette légende, car on ne peut pas lui donner d’autre nom, fait partir Hippocrate de Thessalie, réprimant la peste sur son passage, chez les Doriens, chez les Phocéens, chez les Béotiens ; de là il arrive à Athènes, où il arrête les ravages du fléau. L’auteur du livre de la Thériaque à Pison, ch. 16, et Aëtius[3], disent qu’il chassa la peste en faisant allumer de grands feux par toute la ville, et en ordonnant de suspendre partout des couronnes de fleurs odorantes. Actuarius[4] va plus loin ; il connaît l’antidote dont Hippocrate se servit pour guérir les Athéniens, et il en donne la formule ; et un manuscrit latin de la bibliothèque royale (no 7028), encore plus précis, assure qu’Hippocrate, venu à Athènes, remarqua que les forgerons et tous ceux qui travaillaient avec le feu, étaient exempts de la maladie pestilentielle. Il en conclut

  1. De re rust. 1, 4.
  2. Histoire natur. 7, 37.
  3. Tetrab. 2, serm. i, cap. 94.
  4. Meth. med. 5, 6.