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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/583

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argument.

en rapport. Ces trois parties ont été très inégalement traitées ; en général, les modernes ont donné une attention particulière à la seconde. Les recherches anatomiques et les expériences physiologiques ont produit de très grands résultats et éclairé le jeu de plusieurs fonctions qui étaient restées un mystère pour nos prédécesseurs. La première partie, c’est-à-dire le développement de l’individu depuis le commencement jusqu’à la fin de la vie, a commencé à être traitée avec tout le soin qu’elle mérite, et elle forme une longue et admirable section du grand ouvrage de M. Burdach[1]. Mais la troisième partie n’a pas encore obtenu autant de considération ; elle appartient plus directement à l’hygiène et à la pathologie, et elle a appelé plus que les autres l’attention d’Hippocrate et des anciens en général.

Le livre de l’Ancienne Médecine, si remarquable par la rectitude du jugement et par la profondeur des pensées, ne l’est pas moins par la beauté et l’excellence du style ; là, la forme est en tout digne du fond. Les périodes, généralement longues, sont construites avec une régularité parfaite ; les membres de phrase s’y balancent et s’y complètent de manière à satisfaire aussi bien l’oreille que l’esprit ; l’expression, pleine de justesse et de clarté, est toujours grave et ferme ; et cependant elle se colore d’intervalle en intervalle, de façon qu’on reconnaît l’écrivain qui, maître de son sujet et de lui-même, s’arrête dans les limites tracées par un goût naturel. C’est certainement un beau morceau de la littérature grecque ; et ce traité est un modèle achevé de la discussion scientifique sur les points généraux et élevés de la médecine.

Peut-être était-il difficile de reconnaître ces mérites dans les précédentes éditions, telles qu’elles donnent le traité de l’Ancienne Médecine : c’est un des livres qui ont le plus souffert de

  1. Traité de physiologie, considérée comme science d’observation, trad. de l’allemand, par A. J. L. Jourdan, Paris, 1837 — 1839, 8 volumes in-8o.