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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/137

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Quand les quatre frères et les huit comtes furent arrivés dans la plaine, Oger les aperçut le premier et dit à ses gens : Seigneurs, vous savez que Regnaut est mon cousin, je vous prie de ne lui faire aucun mal, ainsi qu’à ses frères. Regnaut et ses frères descendirent dans la vallée et furent surpris de n’y trouver personne. Allard appela son frère Richard et lui dit : Frère, nous sommes trahis, et je crains que ce ne soit Regnaut, car je n’ai jamais eu si peur ; il dit ensuite à Regnaut : Qu’attendons-nous, puisque nous n’avons trouvé personne ! s’il y avait ici vingt chevaliers armés, ils nous emmèneraient comme des bêtes ; vous ne voulûtes pas croire ce que nous dîmes à Montauban, je crains bien que nous n’ayons sujet de nous en repentir. Si notre cousin Maugis était avec nous et que nous eussions votre cheval Bayard, nous ne craindrions pas la puissance de Charlemagne. Partons, ce serait une folie de rester ici ; je vois bien que le roi Yon nous a trahis. Comme ils se disposaient à partir, Regnaut aperçut mille chevaliers qui venaient à leur rencontre ; à leur tête était Foulques de Morillon, l’écu au col et la lance baissée. Regnaut le reconnut et dit : Ah ! Dieu, que deviendrons nous ! Il faudra périr en ce lieu. Allard lui demanda ce qu’il avait. Regnaut lui répondit : Ne voyez-vous pas Foulques de Morillon qui vient pour nous tuer ? Allard l’ayant aperçu, dit à ses frères Guichard et Richard : C’est aujourd’hui notre dernier jour, je vois que Regnaut nous a trahis, je n’aurais jamais pensé qu’il eût été capable d’une action aussi noire. Vous, Regnaut, notre frère, nous avoir trahis !… Richard, dit Allard, tirez