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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/142

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avait reçues. Quand Regnaut vit qu’on emmenait son frère, il dit à Allard : Que ferons-nous ? on emmène notre frère ; si nous le laissons emmener, nous serons méprisés. Ils sont en grand nombre, répondit Allard. Grand Dieu ! dit Regnaut, si le roi Fait pendre mon frère au pied de Montfaucon, je n’oserai le secourir. Allard lui dit : Allez devant, et je vous suivrai. Regnaut partit aussitôt comme un lion, et se fit livrer passage à travers les rangs, et étant auprès de ceux qui emmenait son frère, il leur dit : Malheureux ! laissez ce chevalier, vous n’êtes pas dignes de le toucher ! Quand ceux qui l’environnaient virent Regnaut, ils en eurent si peur, qu’ils prirent la fuite et laissèrent Guichard. Regnaut dit aussitôt à Allard : Allez délier notre frère Guichard et faites-le monter sur un cheval, donnez lui une lance et suivez-moi. Frère, dit Allard, j’irai où vous voudrez ; mais si nous partons une fois, nous ne pourrons jamais nous rallier. Alors ils s’en vinrent vers Guichard, le délièrent et partirent pour combattre. Guichard était le plus vaillant après Regnaut ; mais on avait tué son mulet, et il était si blessé, qu’il ne pouvait plus se défendre. Il avait tué cinq comtes et quatorze chevaliers ; il était si excédé, qu’il fut obligé de se coucher contre le rocher. Alors vint Gérard de Vauver, cousin de Foulques de Morillon, qui avait promis de venger sa mort ; il vint ensuite vers le rocher, et y trouvant Richard, il piqua son cheval et baissa sa lance dont il frappa Richard, et il lui fit une blessure si large, que ses boyaux lui sortaient du corps. Gérard se mit à crier : les quatre fils Aymon sont perdus, car j’ai