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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/240

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s’écartèrent, et comme des bêtes sauvages, mangèrent de l’herbe, tant ils avaient faim. Regnaut dit : Seigneurs, vous pourriez nous causer du dommage en vous séparant ainsi : je vous prie que chacun se rallie et allons-nous-en à l’ermitage, où nous trouverons Bernard l’ermite, qui nous fera faire bonne chère. Regnaut frappa à la porte, et Bernard vint lui ouvrir et l’embrassa, en lui disant : Seigneur, vous êtes le bien venu, d’où venez-vous et comment vous va ? Regnaut lui dit : J’ai laissé Montauban par force de famine et je m’en vais à Dordonne, je ne puis faire autrement pour le présent. Je vous prie, si vous avez à manger de m’en donner pour l’amour de Dieu : pour ma femme et mes enfans, car ils sont affamés. Bernard eut pitié de l’état où il le voyait ainsi que ses gens ; et d’autre part, il fut content de les voir hors du danger de tomber entre les mains de Charlemagne. Alors il s’en vint vers la duchesse et lui dit : Dame, soyez la bien venue, ne craignez rien, car vous êtes dans un lieu où vous aurez du repos. Il alla dans sa chambre et apporta du pain et du vin, puis il s’assit près de Regnaut et lui dit : Seigneurs, agréez, s’il vous plaît, le bien que Dieu m’a donné. Grand merci, dit Regnaut, voici de bonnes nouvelles pour nous. Ils demeurèrent tout le jour avec l’ermite. Quand la nuit fut venue, Regnaut dit a l’ermite qu’il voulait s’en aller, qu’il lui donnât trois chevaux dont il en donna un à la duchesse et les autres à ses enfans ; alors ils se mirent en chemin vers Dordonne. Quand ceux de la ville surent que leur seigneur était