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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/251

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gerai point de viande : lorsqu’il eut tout ce qu’il avait demandé, il prit son pain noir et en fit des soupes dans le hanap de bois, et en mangea de bon appétit. Regnaut voyant ce pauvre homme si maigre et si pâle, en eut pitié ; il prit un plat de gibier et l’envoya par un de ses serviteurs qui le présenta à Maugis en lui disant : Tenez prud’homme, voici ce que le duc vous envoie. Merci, dit Maugis, il le mit devant lui, mais n’en mangea point. Regnaut voyant que Maugis ne voulait point manger, s’en alla s’armer pour se mettre en défense. Quand il vit que chacun s’en était allé, il vint à Maugis et l’embrassa, en lui disant : Sire, je vous prie de me dire si vous êtes Maugis ou non, car vous lui ressemblez ; Maugis ne put se cacher et lui dit hautement : Mon cousin, je le suis sans doute, et je suis bien satisfait de vous voir en bonne santé. Regnaut lui dit : Cousin, je vous prie d’ôter cette chappe que vous portez, car je ne veux point voir de si pauvres habits. Alors Maugis dit : Cousin, ne vous déplaise, vous savez bien que j’ai fait vœu de ne manger jamais que du pain et des herbes sauvages, et de ne boire que de l’eau ; mais je ne m’habillerai pas autrement, car je veux porter la haire pour sauver mon âme. Quand il entendit parler ainsi Maugis, il commença à le regarder ; et ne l’eût pas reconnut, si ce n’eût été une petite plaie qu’il avait près de l’œil. Quand il l’eut bien reconnu, il lui fit une grande fête. Alors il appela ses frères et leur dit : Venez voir notre cousin Maugis. Quand Allard, Guichard et Richard ouïrent ces paroles, ils tressaillirent de joie ; ils cou-