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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/306

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Ami, dit Regnaut, n’y vas pas, j’ai espérance en Dieu ; mais tu diras à mes frères, et à mes enfans que je leur souhaite salut et amitié, qu’ils pensent toujours à bien faire ; qu’ils fassent ce que je leur dis et que jamais ils ne me reverront : je m’en vais sauver mon âme s’il plaît à Dieu, et mourrai quand il lui plaira ; car j’ai fait mourir bien des gens dont mon âme est chargée ; si je pouvais bien faire qu’elle en fut délivrée, je ne demanderais rien autre chose.

Alors il regarda à son doigt et vit sa bague où il y avait une pierre valant cinq marcs d’argent ; il la donna au portier, lequel le remercia et lui dit : Hélas ! Sire, vous faites grand tort à ce pays, il se mit alors à pleurer. Cependant Regnaut se mit en route en habit de pélerin. Comme il s’en était allé, le portier suivait le pélerin des yeux, et quant il ne put plus le voir, il tomba en faiblesse et y resta très-long-temps ; quand il fut revenu à lui, il se remit à pleurer comme il avait déjà fait auparavant. Quand il eut fini son chagrin, il regarda l’anneau que Regnaut lui avait donné ; et le voyant si riche, il en fut content. Le lendemain aussitôt qu’il fut jour, le portier alla trouver les frères de Regnaut et leur raconta tout ce qu’il leur mandait, ils commencèrent tous à former des regrets de ce que Regnaut s’en était allé sans leur rien dire.