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Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/107

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Trois jours après le jugement le duc fut transféré au château de Loches, et confié à la garde de Guillaume de Ricarville, maître-d’hôtel du roi. Les instructions données à Ricarville étaient fort rigoureuses. Le prisonnier devait être sous la surveillance continuelle d’un gardien couchant dans sa chambre. Il ne devait parler à personne, ni recevoir de lettres, ni en écrire, ni avoir d’argent ; mais on lui laissait des livres, et la triste consolation de jouer aux échecs avec ses gardes. Un chapelain, qui devait être changé toutes les semaines ou plus souvent selon la volonté du gouverneur, était chargé de donner au duc les consolations de la religion, et de dire la messe dans sa chambre et non ailleurs.

Jean resta en prison jusqu’à la mort de Charles VII. Louis XI le fit mettre en liberté le 14 octobre 1461.

Cette même année, Pierre de Brézé II, grand sénéchal d’Anjou, de Poitou et de Normandie, fut constitué prisonnier au château de Loches après la mort de Charles VII. Il ne put obtenir sa liberté qu’à la condition de consentir au mariage de son fils avec Charlotte, fille d’Agnès Sorel. Cette union ne fut pas heureuse et se termina d’une façon tragique : ayant surpris en flagrant délit d’adultère sa femme avec son grand veneur, l’époux outragé les tua tous les deux (1464).

Philippe de Savoie, comte de Bresse, troisième fils du duc de Savoie, et par conséquent beau-frère de Louis XI, fut enfermé à Loches sur la demande de son père, pour avoir tué Jean de Varans, maître d’hôtel de la duchesse sa mère. Il y resta deux ans. Quelques années après on le retrouve à Péronne à la suite de Charles le Téméraire.

Nous y retrouverons aussi Antoine de Châteauneuf, seigneur du Lau, que Louis XI, avait autrefois comblé de faveurs, et qu’il avait, en 1461, créé Sénéchal de Guyenne.