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Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/161

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que le capitaine avait eu toujours des intelligences avec les ennemis, soit par ses domestiques, soit personnellement ; il en avait reçu de l’argent, et avait promis à l’avance la reddition de la place ; il avait capitulé après un assaut repoussé, lorsque l’ennemi s’était retiré et s’apprêtait à lever le siège, lorsqu’il était averti que le Dauphin marchait à son secours, et le jour même où il savait que ce secours devait lui arriver. Il avait rendu la ville alors que le maire et les habitants l’avaient si bien remparée, qu’elle était plus forte qu’auparavant, avec des vivres pour six mois ; malgré les habitants qui voulaient énergiquement se défendre, et qui n’avaient pas même été consultés, ni compris dans la capitulation ; il avait mis ses biens personnels en sûreté ; enfin il avait pendant tout le siège fait preuve de lâcheté, de nonchalance, et d’une ignorance complète de l’état et des ressources de la place, etc.

Coucy objectait qu’il avait rendu la place à quatre heures du soir, à l’expiration du délai fixé pour l’arrivée du secours promis par le Dauphin ; qu’il avait traité avec l’ennemi de l’avis de ses capitaines ; et que, d’après les lois de la guerre, il n’était pas tenu de consulter les habitants. Il nia tous les faits qui pouvaient constituer de sa part une trahison.

Quant au maréchal, il était accusé d’avoir aussi entretenu des intelligences avec l’ennemi, de s’être laissé corrompre, d’avoir contribué à la reddition de Boulogne, de n’avoir pas usé de rigueur contre les prisonniers ennemis, d’avoir détourné des sommes considérables sur les fonds destinés aux munitions et aux soldats, et d’avoir trompé le roi sur l’état de la place de Montreuil, ce qui avait amené une capitulation précipitée avec l’Empereur.

Du Biez répondait qu’il avait laissé le commandement de Boulogne à son gendre par ordre du roi, et que ce dernier ne pouvait imputer qu’à lui seul la perte de cette ville,