Aller au contenu

Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la cheminée se trouve dans le bas et le manteau à la partie supérieure. C’est sur le manteau de cette cheminée que nous avons pu lire l’inscription suivante :

qvid qvid delirant reges, plectvntvr achivi
seditione, dolis, scelere, atque libidine et ira
savonières — pvlchrvm est, — savonières
nil conscire sibi, nvlla pallescere cvlpa[1].

Nous ne nous attendions guère à rencontrer Horace sur les murs de la prison de Loches, et le mot savonières nous déroutait un peu. Est-ce un seigneur de ce nom ? Peut-être Thibault VII Chabot qui aurait été impliqué dans le procès de son parent Louis d’Amboise, condamné à mort avec les sieurs de Lezay et de Vivonne par le Parlement de Poitiers, en 1431, pour avoir voulu renverser le favori la Trémouille ?

Il nous est impossible aujourd’hui de vérifier ce fait, et nous nous contentons de reproduire notre inscription, en nous étonnant de voir au XVe siècle, au milieu des intrigues de cour et des guerres anglaises, un prisonnier assez versé dans la littérature antique pour se souvenir des épîtres d’Horace, et les appliquer a sa propre situation.

Cette découverte fut suivie de plusieurs autres.

Les quatre murs étaient décorés de phrases latines et françaises. Mais il nous paraît qu’elles doivent être attribuées à deux personnages différents. Voici celle qui se trouve à droite de la cheminée :

  1. Voir le dessin Pl. XII. — Les deux premiers vers appartiennent à la 2e épître d’Horace à Lollius, vers 14 et 15. Le dernier, rattaché à ce qui précède par les mots Pvlchrvm est, est tiré de la ire épître à Mécène, vers 61.