Aller au contenu

Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bile, souvent astucieuse et déloyale, destinée à rabaisser l’orgueilleux vassal qui marchait de pair avec son suzerain. Pour vaincre un ennemi peut-être supérieur en force, les armes seules ne suffisaient pas, il fallait y joindre la ruse, et diviser pour régner.

Henry II avait cru prudent de faire pendant sa vie le partage de ses États entre ses fils. L’aîné Henry avait été couronné roi d’Angleterre ; Richard avait l’Aquitaine, Geoffroy la Bretagne, et Jean, le comté de Morton et la perspective du gouvernement de l’Irlande.

Le roi de France, beau-père de deux des jeunes princes, sut profiter habilement du mécontentement produit par ce partage, qui avait valu à Jean le surnom de Sans-Terre. Il exploita l’esprit d’ingratitude et de rivalité entre frères qui était chez les héritiers des Plantagenets comme une tradition de famille. Dès 1172, Henry appuyé par son beau-père réclamait l’investiture de la Normandie et refusait de suivre son père en Angleterre. Il se réfugiait à la cour de Louis VII avec ses deux frères Geoffroy et Richard. Le roi de France favorisa par tous les moyens cette révolte. Henry rassembla une armée de ces bandits qui dévastaient le pays depuis un temps immémorial, et qui, sous le nom de Cotereaux ou Brabançons, s’acquirent un si triste renom. Ces aventuriers, avides avant tout de pillage et de butin, formèrent les troupes du roi d’Angleterre. En 1173 le château de Loches fut brûlé[1].

Quelques années s’écoulèrent dans la paix, si l’on peut appeler ainsi des trêves successives pendant lesquelles le pays, parcouru par les Brabançons, subissait encore tous les

  1. Nous n’avons aucun détail sur cet événement dont nous trouvons l’indication dans le Voyage de Dubuisson, mss. de la Bibliothèque Mazarine, n°2694.