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Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/10

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procède de l’inquiétude & du doute où ils sont s’il existe un Être ou une puissance qui ait le pouvoir de leur nuire ou de les conserver. De là le penchant qu’ils ont à feindre des causes invisibles, qui ne sont que des Phantômes de leur imagination, qu’ils invoquent dans l’adversité & qu’ils louent dans la prospérité. Ils s’en font des Dieux à la fin, & cette crainte chimérique des puissances invisibles est la source des Religions que chacun se forme à sa mode. Ceux à qui il importoit que le peuple fût contenu & arrêté par de semblables rêveries ont entretenu cette semence de Religion, en ont fait une loi, & ont enfin réduit les peuples, par les terreurs de l’avenir, à obéir aveuglément.

§. 2.

La source des Dieux étant trouvée, les hommes ont cru qu’ils leur ressembloient & qu’ils faisoient comme eux toutes choses pour quelque fin. Ainsi ils disent & croient unanimement que Dieu n’a rien fait que pour l’homme, & réciproquement que l’homme n’est fait que pour Dieu. Ce préjugé est général, & lorsqu’on réfléchit sur l’influence qu’il a dû nécessairement avoir sur les mœurs & les opinions des hommes, on voit clairement