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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/173

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ardente, ou refuse-t-il, ayant gardé sa colère dans son cœur orgueilleux ?

Et le patient et divin Odysseus lui répondit :

— Très-illustre Atréide Agamemnôn, roi des hommes, il ne veut point éteindre sa colère, et il n’est que plus irrité. Il refuse tes dons. Il te conseille de délibérer avec les autres Argiens comment tu sauveras les nefs et l’armée des Akhaiens. Il menace, dès les premières lueurs d’Éôs, de traîner à la mer ses nefs solides ; et il exhorte les autres Argiens à retourner vers leur patrie, car il dit que vous ne verrez jamais le dernier jour de la haute Ilios, et que Zeus qui tonne puissamment la protège de ses mains et a rempli son peuple d’une grande audace. Il a parlé ainsi, et ceux qui m’ont suivi, Aias et les deux hérauts pleins de prudence peuvent l’affirmer. Et le vieillard Phoinix s’est couché sous sa tente, et il l’emmènera demain sur ses nefs vers leur chère patrie, s’il le désire, car il ne veut point le contraindre.

Il parla ainsi, et tous restèrent muets, accablés de ce discours et de ces dures paroles. Et les fils des Akhaiens restèrent longtemps muets et tristes. Enfin, Diomèdès hardi au combat parla ainsi :

— Très-illustre roi des hommes, Atréide Agamemnôn, plût aux Dieux que tu n’eusses point supplié l’irréprochable Pèléide, en lui offrant des dons infinis ! Il avait un cœur orgueilleux, et tu as enflé son orgueil. Laissons-le ; qu’il parte ou qu’il reste. Il combattra de nouveau quand il lui plaira et qu’un Dieu l’y poussera. Allons ! faites tous ce que je vais dire. Reposons-nous, puisque nous avons ranimé notre âme en buvant et en mangeant, ce qui donne la force et le courage. Mais aussitôt que la belle Éôs aux doigts rosés paraîtra, rangeons l’armée et les chars devant les nefs. Alors, Atréide, exhorte les hommes au combat, et combats toi-même aux premiers rangs.