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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/191

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cendirent. Et tous, pleins de joie, les saluèrent de la main, avec des paroles flatteuses. Et, le premier, le cavalier Gérennien Nestôr les interrogea :

— Dis-moi, Odysseus comblé de louanges, gloire des Akhaiens, comment avez-vous enlevé ces chevaux ? Est-ce en entrant dans le camp des Troiens, ou avez-vous rencontré un Dieu qui vous en ait fait don ? Ils sont semblables aux rayons de Hélios ! Je me mêle, certes, toujours aux Troiens, et je ne pense pas qu’on m’ait vu rester auprès des nefs, bien que je sois vieux ; mais je n’ai jamais vu de tels chevaux. Je soupçonne qu’un Dieu vous les a donnés, car Zeus qui amasse les nuées vous aime tous deux, et Athènè aux yeux clairs, fille de Zeus tempêtueux, vous aime aussi.

Et le subtil Odysseus lui répondit :

— Nestôr Nèlèiade, gloire des Akhaiens, sans doute un Dieu, s’il l’eût voulu, nous eût donné des chevaux même au-dessus de ceux-ci, car les Dieux peuvent tout. Mais ces chevaux, sur lesquels tu m’interroges, ô vieillard, sont Thrèkiens et arrivés récemment. Le hardi Diomèdès a tué leur Roi et douze des plus braves compagnons de celui-ci. Nous avons tué, non loin des nefs, un quatorzième guerrier, un espion que Hektôr et les illustres Troiens envoyaient dans notre camp.

Il parla ainsi, joyeux, et fit sauter le fossé aux chevaux. Et les autres chefs Argiens, joyeux aussi, vinrent jusqu’à la tente solide du Tydéide. Et ils attachèrent, avec de bonnes courroies, les étalons Thrèkiens à la crèche devant laquelle les rapides chevaux de Diomèdès se tenaient, broyant le doux froment. Et Odysseus posa les dépouilles sanglantes de Dolôn sur la poupe de sa nef, pour qu’elles fussent vouées à Athènè. Et tous deux, étant entrés dans la mer pour enlever leur sueur, lavèrent leurs jambes,