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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/261

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solides un verrou secret, et aucun des Dieux n’aurait pu les ouvrir. Elle entra et ferma les portes resplendissantes. Et, d’abord, elle lava son beau corps avec de l’ambroisie ; puis elle se parfuma d’une huile divine dont l’arôme se répandit dans la demeure de Zeus, sur la terre et dans l’Ouranos. Et son beau corps étant parfumé, elle peigna sa chevelure et tressa de ses mains ses cheveux éclatants, beaux et divins, qui flottaient de sa tête immortelle. Et elle revêtit une khlamyde divine qu’Athènè avait faite elle-même et ornée de mille merveilles, et elle la fixa sur sa poitrine avec des agrafes d’or. Et elle mit une ceinture à cent franges, et à ses oreilles bien percées des pendants travaillés avec soin et ornés de trois pierres précieuses. Et la grâce l’enveloppait tout entière. Ensuite, la Déesse mit un beau voile blanc comme Hélios, et, à ses beaux pieds, de belles sandales. S’étant ainsi parée, elle sortit de sa chambre nuptiale, et, appelant Aphroditè loin des autres Dieux, elle lui dit :

— M’accorderas-tu, chère fille, ce que je vais te demander, ou me refuseras-tu, irritée de ce que je protège les Danaens, et toi les Troiens ?

Et la fille de Zeus, Aphroditè, lui répondit :

— Vénérable Hèrè, fille du grand Kronos, dis ce que tu désires. Mon cœur m’ordonne de te satisfaire, si je le puis, et si c’est possible.

Et la vénérable Hèrè qui médite des ruses lui répondit :

— Donne-moi l’amour et le désir à l’aide desquels tu domptes les Dieux immortels et les hommes mortels. Je vais voir, aux limites de la terre, Okéanos, origine des Dieux, et la maternelle Téthys, qui m’ont élevée et nourrie dans leurs demeures, m’ayant reçue de Rhéiè, quand Zeus au large regard jeta Kronos sous la terre et sous la mer stérile. Je vais les voir, afin d’apaiser leurs dissensions amères. Déjà, depuis longtemps, ils ne par-