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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/336

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Ménélaos le reconnut, à la gauche de la mêlée, excitant ses compagnons au combat. Et, s’approchant, le blond Ménélaos lui dit :

— Viens, divin Antilokhos ! apprends une triste nouvelle. Plût aux Dieux que ceci ne fût jamais arrivé ! Sans doute tu sais déjà qu’un Dieu accable les Akhaiens et donne la victoire aux Troiens. Le meilleur des Akhaiens a été tué, Patroklos, qui laisse de grands regrets aux Danaens. Mais toi, cours aux nefs des Akhaiens, et annonce ce malheur au Pèléide. Qu’il vienne promptement sauver son cadavre nu, car Hektôr au casque mouvant possède ses armes.

Il parla ainsi, et Antilokhos, accablé par ces paroles, resta longtemps muet, et ses yeux s’emplirent de larmes, et la voix lui manqua ; mais il obéit à l’ordre de Ménélaos. Et il remit ses armes à l’irréprochable Laodokos, son ami, qui conduisait ses chevaux aux sabots massifs, et il s’éloigna en courant. Et ses pieds l’emportaient, pleurant, afin d’annoncer au Pèléide Akhilleus la triste nouvelle.

Et tu ne voulus point, divin Ménélaos, venir en aide aux compagnons attristés d’Antilokhos, aux Pyliens qui le regrettaient. Et il leur laissa le divin Thrasymèdès, et il retourna auprès du héros Patroklos, et, parvenu jusqu’aux Aias, il leur dit :

— J’ai envoyé Antilokhos vers les nefs, afin de parler au Pèléiôn aux pieds rapides ; mais je ne pense pas que le Pèlèiade vienne maintenant, bien que très-irrité contre le divin Hektôr, car il ne peut combattre sans armes. Songeons, pour le mieux, de quelle façon nous entraînerons ce cadavre, et comment nous éviterons nous-mêmes la mort et la moire à travers le tumulte des Troiens.

Et le grand Aias Télamônien lui répondit :

— Tu as bien dit, ô illustre Ménélaos. Toi et Mèrionès, enlevez promptement le cadavre et emportez-le hors de la