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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/347

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nefs aux deux rangs d’avirons ; mais je redoute maintenant le rapide Pèléiôn ; car, dans son cœur indomptable, il ne voudra point rester dans la plaine où les Troyens et les Akhaiens déploient la force d’Arès, mais il combattra pour s’emparer de notre ville et de nos femmes. Allons vers Ilios ; obéissez-moi et faites ainsi. Maintenant, la nuit contraire retient le rapide Pèléiôn ; mais s’il nous attaque demain avec fureur, celui qui le sentira, alors fuira volontiers vers la sainte Ilios, s’il lui échappe. Et les chiens et les oiseaux carnassiers mangeront une foule de Troiens. Plaise aux Dieux qu’on ne me le dise jamais ! Si vous obéissez à mes paroles, bien qu’à regret, nous reprendrons des forces cette nuit ; et ses tours, ses hautes portes et leurs barrières longues et solides protégeront la Ville. Demain, armés dès le matin, nous serons debout sur nos tours ; et le travail lui sera lourds s’il vient de ses nefs assiéger nos murailles. Et il s’en retournera vers les nefs, ayant épuisé ses chevaux au grand cou à courir sous les murs de la Ville. Et il ne pourra point pénétrer dans Ilios et il ne la détruira jamais, et, auparavant, les chiens rapides le mangeront.

Et Hektôr au casque mouvant, avec un sombre regard, lui répondit :

— Polydamas, il me déplaît que tu nous ordonnes de nous renfermer encore dans la Ville. N’êtes-vous donc point las d’être enfermés dans nos tours ? Autrefois, tous les hommes qui parlent des langues diverses vantaient la Ville de Priamos, abondante en or, riche en airain. Aujourd’hui, les trésors qui étaient dans nos demeures sont dissipés. Depuis que le grand Zeus est irrité, la plupart de nos biens ont été transportés en Phrygiè et dans la belle Maioniè. Et maintenant que le fils du subtil Kronos m’a donné la victoire auprès des nefs et m’a permis d’acculer les Akhaiens à la mer, ô insensé, ne répands point de telles pensées dans le peuple. Aucun des Troiens ne t’obéira, et je ne le per-