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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/382

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semblable à la flamme. Et Akhilleus le vit, et bondit en avant, et dit en triomphant :

— Voici donc l’homme qui m’a déchiré le cœur et qui a tué mon irréprochable compagnon ! Ne nous évitons pas plus longtemps dans les détours de la mêlée.

Il parla ainsi, et, regardant le divin Hektôr d’un œil sombre, il dit :

— Viens ! approche, afin de mourir plus vite !

Et Hektôr au casque mouvant lui répondit sans crainte :

— Pèléide, n’espère point m’épouvanter par des paroles comme un petit enfant. Moi aussi je pourrais parler injurieusement et avec orgueil. Je sais que tu es brave et que je ne te vaux pas ; mais nos destinées sont sur les genoux des dieux. Bien que je sois moins fort que toi, je t’arracherai peut-être l’âme d’un coup de ma lance. Elle aussi, elle a une pointe perçante.

Il parla ainsi, et, secouant sa lance, il la jeta ; mais Athènè, d’un souffle, l’écarta de l’illustre Akhilleus, et la repoussa vers le divin Hektôr, et la fit tomber à ses pieds. Et Akhilleus, furieux, se rua pour le tuer, en jetant des cris horribles ; mais Apollôn enleva aisément le Priamide, comme le peut un dieu ; et il l’enveloppa d’une épaisse nuée. Et trois fois le divin Akhilleus aux pieds rapides, se précipitant, perça cette nuée épaisse de sa lance d’airain. Et, une quatrième fois, semblable à un daimôn, il se rua en avant, et il cria ces paroles outrageantes :

— Chien ! de nouveau tu échappes à la mort. Elle t’a approché de près, mais Phoibos Apollôn t’a sauvé, lui à qui tu fais des vœux quand tu marches à travers le retentissement des lances. Je te tuerai, si je te rencontre encore, et si quelque dieu me vient en aide. Maintenant, je poursuivrai les autres Troiens.

Ayant ainsi parlé, il perça Dryops au milieu de la gorge, et l’homme tomba à ses pieds, et il l’abandonna. Puis, il