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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/399

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ches et que tu sois comme une lionne pour les femmes que Zeus te permet de tuer à ton gré. Il est plus aisé de percer, sur les montagnes, les bêtes fauves et les biches sauvages que de lutter contre plus puissant que soi. Mais si tu veux tenter le combat, viens ! et tu sauras combien ma force est supérieure à la tienne, bien que tu oses me tenir tête !

Elle parla ainsi, et saisissant d’une main les deux mains d’Artémis, de l’autre elle lui arracha le carquois des épaules, et elle l’en souffleta en riant. Et comme Artémis s’agitait çà et là, les flèches rapides se répandirent de tous côtés. Et Artémis s’envola, pleurante, comme une colombe qui, loin d’un épervier, se réfugie sous une roche creuse, car sa destinée n’est point de périr. Ainsi, pleurante, elle s’enfuit, abandonnant son arc.

Alors, le messager, tueur d’Argos, dit à Lètô :

— Lètô, je ne combattrai point contre toi. Il est dangereux d’en venir aux mains avec les épouses de Zeus qui amasse les nuées. Hâte-toi, et va te vanter parmi les dieux immortels de m’avoir dompté par ta force.

Il parla ainsi ; et Lètô, ramassant l’arc et les flèches éparses dans la poussière, et les emportant, suivit sa fille. Et celle-ci parvint à l’Olympos, à la demeure d’airain de Zeus. Et, pleurante, elle s’assit sur les genoux de son père, et son péplos ambroisien frémissait. Et le père Kronide lui demanda, en souriant doucement :

— Chère fille, qui d’entre les dieux t’a maltraitée ainsi témérairement, comme si tu avais commis une faute devant tous ?

Et Artémis à la belle couronne lui répondit :

— Père, c’est ton épouse, Hèrè aux bras blancs, qui m’a frappée, elle qui répand sans cesse la dissension parmi les immortels.

Et tandis qu’ils se parlaient ainsi, Phoibos Apollôn descendit dans la sainte Ilios, car il craignait que les Danaens