Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/455

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lets traînaient d’abord le char aux quatre roues, et le sage Idaios les conduisait. Puis, venaient les chevaux que Priamos excitait du fouet, et tous l’accompagnaient par la ville, en gémissant, comme s’il allait à la mort. Et quand il fut descendu d’Ilios dans la plaine, tous revinrent dans la ville, ses fils et ses gendres.

Et Zeus au large regard, les voyant dans la plaine, eut pitié du vieux Priamos, et, aussitôt, il dit à son fils bien-aimé Herméias :

— Herméias, puisque tu te plais avec les hommes et que tu peux exaucer qui tu veux, va ! conduis Priamos aux nefs creuses des Akhaiens, et fais qu’aucun des Danaens ne l’aperçoive avant qu’il parvienne au Pèléide.

Il parla ainsi, et le messager tueur d’Argos obéit. Et aussitôt il attacha à ses talons de belles ailes immortelles et d’or qui le portaient sur la mer et sur la terre immense comme le souffle du vent. Et il prit la verge qui, selon qu’il le veut, ferme les paupières des hommes ou les éveille. Et, la tenant à la main, l’illustre tueur d’Argos s’envola et parvint aussitôt à Troiè et au Hellespontos. Et il s’approcha, semblable à un jeune homme royal dans la fleur de sa belle jeunesse.

Et les deux vieillards, ayant dépassé la grande tombe d’Ilos, arrêtèrent les mulets et les chevaux pour les faire boire au fleuve. Et déjà l’ombre du soir se répandait sur la terre. Et le héraut aperçut Herméias, non loin, et il dit à Priamos :

— Prends garde, Dardanide ! Ceci demande de la prudence. Je vois un homme, et je pense que nous allons périr. Fuyons promptement avec les chevaux, ou supplions-le en embrassant ses genoux. Peut-être aura-t-il pitié de nous.

Il parla ainsi et l’esprit de Priamos fut troublé, et il eut