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Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/458

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la mort. Reçois cette belle coupe de ma main, fais qu’on me rende Hektôr, et conduis-moi, à l’aide des dieux, jusqu’à la tente du Pèléide.

Et le messager, tueur d’Argos, lui répondit :

— Vieillard, tu veux tenter ma jeunesse, mais tu ne me persuaderas point de prendre tes dons à l’insu d’Akhilleus. Je le crains, en effet, et je le vénère trop dans mon cœur pour le dépouiller, et il m’en arriverait malheur. Mais je t’accompagnerais jusque dans l’illustre Argos, sur une nef rapide, ou à pied ; et aucun, si je te conduis, ne me bravera en t’attaquant.

Herméias, ayant ainsi parlé, sauta sur le char, saisit le fouet et les rênes et inspira une grande force aux chevaux et aux mulets. Et ils arrivèrent au fossé et aux tours des nefs, là où les gardes achevaient de prendre leur repas. Et le messager, tueur d’Argos, répandit le sommeil sur eux tous ; et, soulevant les barres, il ouvrit les portes, et il fit entrer Priamos et ses présents splendides dans le camp, et ils parvinrent à la grande tente du Pèlèiade. Et les Myrmidones l’avaient faite pour leur roi avec des planches de sapin, et ils l’avaient couverte d’un toit de joncs coupés dans la prairie. Et tout autour ils avaient fait une grande enceinte de pieux ; et la porte en était fermée par un seul tronc de sapin, barre énorme que trois hommes, les Akhaiens, ouvraient et fermaient avec peine, et que le Pèléide soulevait seul. Le bienveillant Herméias la retira pour Priamos, et il conduisit le vieillard dans l’intérieur de la cour, avec les illustres présents destinés à Akhilleus aux pieds rapides. Et il sauta du char sur la terre, et il dit :

— Ô vieillard, je suis Herméias, un dieu immortel, et Zeus m’a envoyé pour te conduire. Mais je vais te quitter, et je ne me montrerai point aux yeux d’Akhilleus, car il n’est point digne d’un Immortel de protéger ainsi ouver-