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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, I.djvu/262

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art poétique.

souvent faillible est pour moi comme ce Chœrilus que je m’étonne en riant de trouver bon deux ou trois fois, tandis que je m’indigne quand l’excellent Homérus s’endort. Mais il est permis, dans un long ouvrage, de céder au sommeil.

Il en est de la poésie comme de la peinture. Un tableau, vu de près, te saisira davantage ; et cet autre, si tu t’en éloignes. L’un aime le demi-jour, l’autre veut être regardé en pleine lumière et ne craint pas l’œil perçant du juge ; l’un a plu une fois, l’autre plaira dix fois de suite.

Aîné des jeunes Pisons, quoique formé au bien par la voix paternelle, et sage par toi-même, souviens-toi de ce que je vais te dire : En certaines choses on peut admettre le médiocre et le supportable. Un jurisconsulte et un avocat ordinaires sont fort loin de l’éloquence de Messala et n’en savent pas autant qu’Aulus Cascellius ; et, cependant, ils ont leur prix ; mais ni les hommes, ni