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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/10

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satires.

sur sa nef battue des vents : « Le métier de soldat vaut mieux ! Quoi, en effet ? on se bat ; et, dans l’espace d’une heure, c’est une prompte mort ou une joyeuse victoire. » L’homme habile en droit et dans les lois envie le laboureur, quand le client pousse sa porte dès le chant du coq ; et le laboureur, arraché de son champ et amené dans la ville par les assignations, ne proclame heureux que ceux qui vivent en ville.

Les autres exemples de cette sorte sont tellement nombreux qu’ils lasseraient le bavard Fabius. Je ne te retarderai pas davantage ; écoute ce que j’en conclus.

Si quelque Dieu disait : « Je vais faire ce que vous voulez. Toi, soldat, tu seras marchand ; toi, jurisconsulte, laboureur. Cessez vos fonctions, changez de rôles. Eh bien ! qu’attendez-vous ? » ils refuseraient. Et cependant il leur serait permis d’être heureux. Jupiter n’aurait-il pas motif, irrité contre eux, d’enfler ses deux joues et de leur dire