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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/103

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livre ii, satire iii.

il n’ose en toucher un grain, préférant, avare, se nourrir d’herbes amères. Il a dans ses celliers mille tonneaux de Chio et de vieux Falernum, non pas mille, ce ne serait rien, mais trois cent mille, et il boit du vinaigre ! plus encore, il couche sur la litière, âgé de soixante-dix-neuf ans, pendant que tapis et couvertures, mangés par les mites et les vers, pourrissent dans son coffre ; et cependant quelques-uns seulement le tiendront pour insensé, attendu que la plus grande partie des hommes est travaillée de la même maladie. Est-ce afin que ton fils, ou un affranchi, ton héritier, absorbe tes richesses, que tu les gardes ainsi, vieillard ennemi des Dieux ? ou de peur qu’il te manque quelque chose ? De combien peu la somme totale serait-elle diminuée si tu mettais de meilleure huile dans tes choux, ou sur ta tête fort sale et non peignée ? Pourquoi, si peu te sufliit, te parjures-tu, escroques-tu, voles-tu de tous les côtés ? As-tu ton