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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/152

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satires.

deux, et plus légitime encore sur le séducteur ? La femme ne change pas de costume et de lieu ; elle n’a pas failli outre mesure, te craignant et ne se fiant pas à ton amour ; tandis que tu passes volontairement sous la fourche, livrant au mari furieux tout ton bien, ta vie et ta réputation avec ton corps. T’es-tu échappé ? l’expérience et la crainte te feront prendre garde, je pense. Tu chercheras de nouveau à trembler et de nouveau l’occasion de périr, esclave autant de fois ! Quelle bête sauvage, après s’être échappée, reprend les chaînes qu’elle a rompues ? — « Je ne suis pas adultère, » dis-tu. — Ni moi un voleur, par Herculès, quand je passe honnêtement devant des vases d’argent. Enlève le péril, et la nature bondira au hasard et sans frein. Toi, mon maître ! soumis de tant de façons à l’empire si puissant des hommes et des choses ! toi que la baguette toucherait trois et quatre fois sans jamais t’affranchir de la peur qui te rend malheu-