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Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/28

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satires.

railleries de ses contemporains ; on peut rire de ce qu’il est tondu d’une façon rustique, de sa robe qui traîne, de son soulier mal attaché et qui ne tient pas au pied : mais il est bon, aucun n’est meilleur ; mais il est ton ami, mais un grand génie se cache sous cet aspect inculte. Enfin, examine-toi bien, cherche si la nature, ou une mauvaise habitude ne t’aurait pas doué de quelques défauts. C’est dans les champs négligés que pousse la fougère qu’il faut brûler. Faisons plutôt comme l’amant qui est aveugle pour les imperfections honteuses de sa maîtresse et qui même s’en délecte, comme Balbinus pour le polype d’Hagna. Je voudrais que nous pussions nous abuser ainsi en amitié, et que cette erreur fût honorée comme une vertu. Ce qu’un père est pour ses enfants, nous devons l’être pour nos amis, et ne pas les prendre en dégoût parce qu’ils ont quelque défaut. Le père dit des yeux louches de son fils qu’ils sont