Aller au contenu

Page:Hovine - Conte sous-marin, Annette et Doric, Fanfreluche, Papillon, 1918.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



À l’heure où les enfants ouvrent les yeux, tandis que l’essaim léger des rêves s’envole pour regagner le ciel, le petit Roi de l’Ile des Roches-Blanches se réveilla devant un palais de cristal.

Farisel fut bien surpris : il se souvenait de s’être endormi la veille dans son lit à rideaux blancs, bercé par les romances de sa nourrice.

Il se dit : « Une fée, sans doute, m’a transporté dans ce pays inconnu. » Il ne s’effraya pas ; il savait que les fées protègent les enfants sages.

Farisel marcha jusqu’au portique du palais dont les deux battants s’ouvrirent silencieusement, découvrant un couloir qui se perdait dans de lointaines perspectives. Il s’y engagea. Son étonnement fut grand de voir des poissons nager derrière les murs de cristal. « Je suis donc dans la mer ? » s’écria-t-il.

« Oui, répondit une voix ; oui, Farisel, et c’est moi qui t’ai donné le pouvoir de marcher sous les eaux. Tu es ici dans le palais du Roi de la Mer ».

Et Farisel vit s’avancer une jeune fille souriante. « Va, continua-t-elle, en le prenant par la main, suis ce couloir qui te conduira auprès du Roi. Ne crains rien, il ne te fera aucun mal. Surtout, souviens-toi que tu es un bon petit garçon et qu’il faut s’efforcer toujours à soulager le malheur des autres. »

La fée se dissipa comme une fumée.

Farisel songeait à ces paroles, quand il atteignit une immense salle ronde et transparente autour de laquelle régnait la mer frétillante de poissons.

Sur un trône de coquillages était assis le vieux Roi. Il tenait son sceptre à la main. Sa barbe pendait jusqu’au sol.

Perdu dans de profondes et tristes réflexions, il ne s’aperçut pas de l’arrivée de Farisel. Ses yeux étaient fixes : deux grosses larmes coulaient sur ses joues ridées.

Farisel s’avança, intimidé à la vue des poissons grands et petits, qui accouraient à toutes nageoires pour l’examiner.

« Roi de la Mer, dit-il, un genou contre terre, une Fée m’a déposé à la porte de ton palais. Daigne parler, afin que je sache si ma présence ne te fâche point. »

« Hélas ! mon enfant, ma douleur est si grande qu’une armée pourrait envahir cette salle sans que j’aie le courage de la chasser. Mais d’où viens-tu ? Qui sont tes Parents ? »