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tration qui n’ont pas été employées, puis, après avoir révéré le poteau[1], on fait sur lui une libation. Parfois, on l’emporte à la maison, il est censé purifier des fautes rituelles ; ou bien on le brûle comme le gazon[2]. On détruit par le feu tout ce qui peut rester des offrandes, on nettoie les ustensiles et on les remporte après les avoir lavés[3]. Seule, la broche qui a servi à faire rissoler le cœur est enfouie ; cas particulier du rite en vertu duquel l’instrument du crime ou de la-douleur doit être caché[4].

Voici maintenant ce qui se passe pour les personnes. Les prêtres, le sacrifiant, sa femme se réunissent et se lustrent en se lavant les mains[5]. Le rite a un double objet : on se purifie d’abord des fautes que l’on a pu commettre dans le sacrifice et aussi de celles que le sacrifice avait pour but d’effacer. En réalité, on abandonne la religiosité sacrificielle. C’est ce qu’exprime le rite de l’abandon du vœu[6] : « Ô Agni, j’ai fait mon vœu ; je me suis égalé à mon vœu, je redeviens homme… Je redescends du monde des dieux dans le monde des hommes[7]. »

Une forme exagérée du même rite en rendra le sens plus apparent : c’est le « bain d’emportement[8] » qui termine le sacrifice du soma, et qui est le contraire de la dîkṣâ. Après que les instruments ont été déposés, le sacrifiant prend un

  1. En le remerciant d’avoir conduit aux dieux l’offrande : Âp., VII, 28, 2 ; T. B., 2, 4, 7, 11 ; cf. T. S., 3, 5, 5, 4.
  2. Âp., ib., 4. — Ait. Br., 6, 3, 5.
  3. Schwab, Thieropf., p. 107 ; Hilleb., N. V. O., p. 140-141.
  4. Âp., VII, 26, 15. Ç. B., 3, 8, 5, 8. T. S., 6, 4, 1, 8. T. S., 1, 3, 11 ; V. S., VI, 22. Âp., VII, 27, 16.
  5. Âp., VII, 26, 16 sqq. T. S., 1, 4, 45, 3.
  6. Hilleb., N. V. O., p. 474. Cf. Sylv. Lévi, Doctr., p. 66.
  7. Cf. Çat. Br., 1, 1, 1, 4-7.
  8. Avabhṛta. Voir Weber, Ind. Stud., X, 393 sqq. Cf. Oldenberg, Rel. d. Ved., p. 407 sqq. Peut-être les expressions de « fluide », etc., dont se sert M. Old. ne sont-elles pas les meilleures, mais il a pourtant indiqué le sens du rite, tel qu’il apparaît, mon pas dans le Ṛg Veda (où il est d’ailleurs mentionné. Voy. Grassmann : Wörterb. ad verb.) mais dans tous les autres textes rituels et théologiques. Âp. çr. sû., VIII, 7, 12 sqq. et XIII, 19 sqq.Kât., VI, 10, 1 ; X, 8, sqq.