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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/125

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l’élimination pure et simple. De ce genre, est l’expulsion du bouc d’Azazel, et celle de l’oiseau dans le sacrifice de la purification du lépreux. Le jour du Pardon, on choisissait deux boucs. Le grand-prêtre, après divers ḫaṭṭât, mettait les deux mains sur la tête de l’un d’eux, confessait sur lui les péchés d’Israël, puis l’envoyait au désert. Il emportait avec lui les péchés qui lui étaient communiqués par l’imposition des mains[1]. Dans le sacrifice de la purification du lépreux[2], le sacrificateur prenait deux passereaux (?). Il coupait la gorge de l’un d’eux au-dessus d’un vase de terre contenant de l’eau vive. L’autre était trempé dans cette eau sanglante, avec laquelle une aspersion était faite sur le lépreux. Le passereau vivant était alors lâché et il emportait la lèpre avec lui. Le malade n’avait plus qu’à faire une ablution ; il était purifié et guéri. Le ḫaṭṭât présente une élimination aussi claire dans les cas où les restes de la victime étaient portés hors du camp et brûlés complètement[3]. — Les sacrifices médecine hindous comportent des cas analogues[4]. Pour guérir de la jaunisse[5], au-dessous du lit, on lie des oiseaux jaunes ; puis on le lustre de telle façon que l’eau tombe sur les oiseaux qui se mettent à jacasser. Comme le dit l’hymne magique, c’est à ce moment que « la jaunisse » est « dans les oiseaux jaunes[6] ». — Dépassons un peu ce stade trop matériel du rite. Un

  1. Lév. XVI. Cf. plus haut, p. 45 n. 2.
  2. Lév. XIV, 1, sqq..
  3. Sur les sacrifices expiatoires grecs, voir Lasaulx, Sühnopfer der Griechen, Akad. Abhdlg., Würzburg, 1841. — Donaldson, On the Expiatory and substitionary sacrifices of the Greeks, Transactions of Edinburgh, 1876, p. 433 sqq. — Pour les faits germaniques, voir Ullrich Jahn, Die abwehrenden und die Sühnopfer der Deutschen, Inaug. Diss., Breslau 1884, réimprimé dans Die Deutschen Opfergebraüche bei Ackerbau und Viehzucht (Germ. Abhd., III de Weinhold).
  4. Voir Oldenb., Rel. d. Ved., p. 287 sqq., p. 522 sqq.
  5. Kauç. sû., 26, 18. — Cf. le bel article de Kuhn, pour une série de rites analogues observés dans l’Europe entière (Kuhn’s Zeitschrift, XIII, p. 113 sqq.). Sur ce rite, voir Bloomfield, Hymns of the Atharva-Veda, S. B. E., XLII ad A. V., I, 22, p. 244 : cf. Introd. à VII, 116 (p. 565, 7).
  6. A. V., I, 22, 4.