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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/143

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Cette fête[1] avait lieu au mois de juin, à la fin de la moisson et au commencement du battage des blés. La principale cérémonie se passait sur l’acropole, à l’autel de Zeus Polieus. Des gâteaux étaient disposés sur une table de bronze. Ils n’étaient pas gardés[2]. Alors, on lâchait des bœufs ; l’un d’eux s’approchait de l’autel, mangeait une partie des offrandes et foulait aux pieds le reste[3]. Aussitôt un des sacrificateurs le frappait de sa hache. Quand il était abattu, un second l’achevait en lui tranchant la gorge avec un couteau ; d’autres le dépouillaient, pendant que celui qui l’avait frappé le premier prenait la fuite. Après le jugement au Prytaneion dont nous avons parlé, la chair du bœuf était partagée entre les assistants, la peau était recousue, remplie de paille, et l’animal ainsi empaillé était attelé à une charrue.

Ces pratiques singulières prêtaient à la légende. Trois versions en attribuaient l’origine à trois personnages différents ; l’une à Diomos, prêtre de Zeus Polieus, l’autre à Sopatros, la troisième à Thaulon[4], qui paraissent bien être les ancêtres mythiques des prêtres de ce sacrifice. Dans les trois versions, le prêtre a déposé l’offrande sur l’autel ; un bœuf survient, les enlève ; le prêtre furieux frappe le sacrilège et, sacrilège lui-même, il s’exile. La plus longue de ces versions est celle dont le héros est Sopatros. Une sécheresse et une famine sont la conséquence de son crime. La Pythie consultée répond aux Athéniens que l’exilé pourrait les sauver ; qu’il faudrait punir le meurtrier, ressusciter la victime dans un sacrifice semblable à celui où elle est morte et manger de sa chair. On fait revenir Sopatros, on

  1. Paus., I, 24, 4.
  2. Voir Pausanias, I, 24, 6 ; 28, 10. — Porphyre, De Abstinentia, II, 9, 28 sqq.Schol. Arist., Nub., 985. — Schol. Hom., Il. Σ, 83. — Suidas, Διὸς ψῆφος. — Hésych., Διὸς θᾶκοι.
  3. Porph., De Abst., II, 28.
  4. Porph., ib., II, 9 — Ib., I, 28, 30 : — Schol. Hom., l. c. et Arist., l. c.