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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/203

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en arrivent à presque mourir de faim. C’est alors qu’ils reçoivent du dieu les dons de magie[1].

3o Les révélations complexes. — On remarque aisément combien tous ces renseignements sommaires, toujours insuffisants, laissent d’obscurités. Il est probable que la plupart recouvrent des faits infiniment plus complexes. D’abord les préparations auxquelles sont soumis les magiciens, les conditions requises pour qu’ils se sentent élus par les esprits sont presque toujours négligées par nos informateurs. La faute en est probablement aux témoins indigènes auteurs des récits. Ensuite la description exacte des sensations et des illusions éprouvées manque presque toujours ; nous ne savons ni le détail, ni les thèmes généraux de ces événements. Enfin n’y a-t-il que des rêves proprement dits, ou bien l’individu est-il en état d’extase ? Quelle est la part de la sincérité, quelle est la part de la fiction, de la tradition mythologique et de la conscience individuelle ? L’individu est-il vraiment victime d’illusions de ses sens, et ses illusions ne lui sont-elles pas

  1. Nous ne savons pas certainement à quelle tribu il faut attribuer ce que Palmer, dans le même article, nous dit de la révélation des formules et rites au magicien, par les esprits, appelés Limbeen-jar-goolong, loc. cit., p. 291 et 292. C’est probablement à la tribu des Miappe, sur laquelle Palmer à informé Curr, Austr. Race, II, p. 330. Les Lembeen-jar-goolong semblent être des esprits mythiques ancestraux. Cf. Roth, Ethn. Stud., page 153 : chez les Mita-Koodi, Limbin-ja-Koolun désigne les morts. Nous évitons de même de rien dire de définitif sur la tribu des Euah-laya. Nous attendons la publication définitive des documents que Mrs Langloh Parker nous promet ; nous n’avons pu voir que le dernier de ses articles, The Medicine and Witchcraft of the Blacks of Australia, Austr. Anthr. Jour., n. s., I, nos 17 et 18, où il est question des relations qui existent entre le Wirreenum, magicien, et ses gooweera ; cf. légendes in Australian Legendary Tales, 1896, p. 80 et 81 (ancienne magicienne devenue étoile filante et qui ressuscite son fils en le faisant piquer dans une fourmilière ) ; More Australian Legendary Tales, 1898, p. 14, 16, 23 et 24 (magiciens qui envoient au loin leurs « dream spirits », sous la forme de tourbillons), p. 53 (« spirit-tree » d’un magicien), p. 90 et 92 (le séjour de Bayame, on cristal de roche) : (porte de pouvoirs par suite d’absorption de boissons chaudes), p. xiv ; toutes croyances qui doivent certainement entrer dans une description mythique de l’origine des pouvoirs magiques, description que nous n’avons pas encore.