Aller au contenu

Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vitalité, la force magique[1], celle de l’arc-en-ciel ; et les pierres, ainsi que le sac-médecine[2] qui en contient un certain nombre, ont une origine surnaturelle qui les rend non seulement puissantes, mais encore sacrées.

Un certain nombre de faits restent d’ailleurs obscurs dans tout ceci. Y a-t-il d’abord une révélation où l’arc-en-ciel donne les pierres de quartz ? Ou n’y a-t-il qu’une seule révélation ? Mais alors que signifie cet échange entre le magicien et l’arc-en-ciel, celui-ci reprenant ce qu’il aurait donné d’abord ? N’y a-t-il pas contradiction entre les récits qui disent que les pierres pénètrent d’une façon autonome dans le corps étendu sous un arbre, et les récits qui disent qu’elles sont données par l’arc-en-ciel, ou que le sorcier les trouve en plongeant « dans un trou d’eau où l’arc-en-ciel est censé se terminer » ? Nous ne savons rien de tous ces détails. Mais nous connaissons le fait en gros. L’individu devenu magicien est rempli d’une nouvelle vie, « une vie magique » ; cette force et cette vitalité supérieures[3], ce pouvoir désormais absolu, sont matérialisés par les morceaux de quartz, les cristaux déposés eux-mêmes par l’arc-en-ciel semblent incarner les forces naturelles qu’il personnifie.

La tribu de Brisbane, aujourd’hui complètement disparue, avait exactement la même croyance[4]. Là le magicien s’appelait turrwan, nom semblable à celui de l’arc-en-ciel, Targan[5]. Celui-ci vomissait des cristaux de roche dans certaines places d’eau où le futur magicien plongeait pour les

    in Curr, II, p. 177, et les données du récit kabi que nous venons de traduire.

  1. Mathew, Eaglehawk and Crow, p. 146.
  2. Curr, II, p. 178.
  3. Curr, II, p. 489 ; cf. p. 177 : A manNur possessed a charmed life, cf. p. 176.
  4. Voir Petrie (ancien commissaire des indigènes de ce district) in Roth, Superstition, etc., p. 30, no 121.
  5. Ce mot est évidemment le même que Dhakkan (Kabi). Cf. Tharkan, in Roth, ibid., et Dargan, Curr, in Austr. Race, III, p. 450, tribu du mont Elliot (Pegulloburra). Il faut avant tout remarquer que l’ortho-