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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/75

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neuf[1] ; indiquant par là qu’une nouvelle existence va commencer pour lui. Puis, à la suite de différentes onctions[2], on le recouvre d’une antilope noire[3]. C’est le moment solennel où le nouvel être s’éveille en lui. Il est devenu fœtus. Il se voile la tête et on lui fait fermer le poing[4], car l’embryon dans ses enveloppes a le poing fermé ; on le fait aller et venir autour du foyer comme le fœtus s’agite dans la matrice. Il reste dans cet état jusqu’à la grande cérémonie de l’introduction du soma[5]. Alors, il ouvre les poings, il se dévoile, il est né à l’existence divine, il est dieu.

Mais sa nature divine une fois proclamée[6] lui confère les droits et lui impose les devoirs d’un dieu, ou tout au moins d’un saint. Il ne doit pas avoir de rapports avec les hommes des castes impures, ni avec les femmes ; il ne répond pas à qui l’interroge ; on ne le touche pas[7]. Étant un dieu, il est dispensé de tout sacrifice. Il ne prend que du lait, nourriture de jeûne. Et cette existence dure de longs mois jusqu’à ce que son corps soit devenu diaphane. Alors, ayant comme sacrifié son ancien corps[8], parvenu au der-

    noire le chorion », etc. Les écoles varient d’ailleurs légèrement sur les diverses significations des différents rites, et sur leur ordre.

  1. Âp. çr. sû., X, 6, 6. Le mantra est T. B., 3, 7, 7, 1. Cf. V. S., 4, 2, c, et Çat. Br., 3, 1, 2, 20.
  2. Âp. çr. sû., X, 6, 11 sqq. T. S., 6, 1, 1, 4, 5, etc.
  3. Ap. çr. sû., X, 8, 11, 12. Cette peau d’antilope est selon certains textes (Ait. Br., loc. cit. et Çat., 3, 2, 1, 2) l’une des membranes de l’embryon dieu qu’est le didîkṣamâṇa, celui qui s’initie. D’autres textes, d’égale valeur (T. S., 6, 1, 3, 2) disent qu’il s’agit simplement de revêtir le sacrifiant de la peau de l’animal brahmanique, afin de lui faire acquérir la qualité de brahmane.
  4. Âp. çr. sû., X, 8, 11, 12.
  5. Âp., X, 9, 10. T. S., 6, 1, 3, 3. — Cf. Web., Ind. St., X, p. 358, n. 4.
  6. Âp., X, 11, 5 sqq.T. S., 6, 1, 4, 3.
  7. Âp., X, 11, 7 sqq. ; X, 12, 1, 13-18.
  8. Son âtman, son individu. Il est devenu une « offrande aux dieux ». Ait. Br., 6, 3, 9 ; 6, 9, 8 ; Çat., 3, 3, 4, 21. — Âp. çr. sû., X, 14, 10. « C’est ce qui est expliqué au Brâhmaṇa. Quand ce dîkṣita devient maigre, il devient pur (medhya, sacrificiel). Quand il n’y a plus rien il devient pur. Quand la peau touche les os, il devient pur. C’est gras qu’il est initié,