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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/80

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Le brahmane arrivait avec sa nature presque divine ; il n’avait donc pas besoin d’une consécration nouvelle, sauf dans des circonstances extraordinaires[1] ; car il y a des rites qui exigent du sacrificateur, comme du sacrifiant, une préparation spéciale. Élie diffère seulement de celle que nous avons décrite à propos du laïque en ce qu’elle est généralement moins complexe. Comme le prêtre est naturellement plus proche du monde sacré, des opérations plus simples suffisent pour l’y faire entrer tout entier.

Chez les Hébreux, bien que le prêtre fût ordonné, il avait besoin, pour pouvoir sacrifier, de prendre quelques précautions supplémentaires. Il devait se laver avant d’entrer dans le sanctuaire[2] ; il devait, avant la cérémonie, s’abstenir de vin et de boissons fermentées[3]. Il revêtait des vêtements de lin[4] qu’il quittait aussitôt après le sacrifice[5]. Il les déposait dans un endroit consacré ; car ils étaient déjà par eux-mêmes une chose sainte et redoutable dont le contact était dangereux aux profanes[6]. Le prêtre lui-même, dans son commerce, pourtant habituel, avec le divin, était sans cesse menacé de la mort surnaturelle[7] qui avait frappé les deux fils d’Aaron[8], ceux d’Héli[9] ou les prêtres

  1. Au cas où le brahmane était lui-même sacrifiant et au cas d’un sattra, session rituelle, grand sacrifice où les prêtres étaient soumis à la dîkṣâ en même temps que le sacrifiant, roi ou grand homme. — Dans tous les autres cas, il n’y a de prescrites pour le brahmane que de petites lustrations : se rincer la bouche, se laver les mains, etc. Ce rite était toujours obligatoire quand on avait fait mention de puissances mauvaises (Çâṅkhâyana-gṛhya-sûtra, I, 10, V ; Kâty. çr. sû., I, 10, 14).
  2. Ex. XXX, 20, 21. Cf. Rawlinson, W. A. I., 23, 1, 15, pour les mains. Le lavage des mains du prêtre et des fidèles est un usage dans la synagogue comme dans le rituel catholique.
  3. Lév. X, 9. — Ézéch. XLIV, 21. — Jos., Ant., 3, 12, 2 ; Bell. Jud., 5, 5, 7. — Phil., De Ebr., p. 377 sqq. M.
  4. Lév. VI, 3 ; XVI, 4, 32. — Cf. Ex. XXVIII, 40, 42.
  5. Lév. VI, 4 ; XVI, 23. — Ézéch. XLIV, 19.
  6. Ex. XXVIII, 35. — Ézéch. XLII, 11-14 (le texte des LXX est préférable).
  7. Ex. XXVIII, 43 ; XXX, 20, 24.
  8. Lév. X, 1 sqq.
  9. Sam. IV, 11.