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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/369

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Avant qu’il ne frappe. (Un seul cas. Hernani).

Grandissement (grandir, actif), différent de agrandissement, agrandir. Etc.


Le premier fragment débute par un passage utilisé dans la sixième division de Fonction de Paris (voir p. 333) et rayé ici. Sous ces ratures, on lit une partie de l’énumération des insultes subies par Paris ; la suite est inédite et prend pour titre :


PARIS CONTESTÉ.


I

Voulez vous apprendre à quelle époque ceci remonte ? Les normands, au ixe siècle, pénètrent jusqu’à Paris. Savez-vous pourquoi ? Parce que Dieu est en colère. Et pourquoi Dieu est-il en colère ? À cause du luxe des femmes. Déjà ! c’est Albon qui l’affirme. Sous Philippe-Auguste, Guillaume de Villeneuve blâme « le peu de modestie des dames ». Croire à la dégradation de Paris, c’est la perpétuelle illusion d’optique des contemporains ; ne voir que son époque est une myopie universelle. Le jour où l’on s’accoutumera à comparer un peu, il y aura un grand pas de fait.

Bossuet a foudroyé Paris, Boileau l’a bougonné. Garasse qui avait, dit Niceron, « beaucoup de feu et d’imagination, et d’ailleurs une bonne poitrine », a dit leur fait aux parisiens, Paris n’a pas d’esprit, telle est la forte trouvaille de Garasse, « Sot par nature, sot par bécarre, sot par bémol, sot à la plus haute gamme, sot à double semelle, sot à double teinture, sot en cramoisi, sot en toute sorte de sottise… Livré à un athéisme brutal, acoquiné à des mélancolies langoureuses et truandes. »

Ainsi parle cet écrivain religieux.

Gilbert reprochant à Voltaire


Ses vers sans art.
D’une moitié de rime habillés au hasard,


en faisait Paris responsable. Il s’écriait :

Et la chute des arts suit la perte des mœurs.

Ce vers s’est extra vase dans toute l’éloquence officielle, sacerdotale et académique de notre temps. Cette vue basse, qui le croirait ? Voltaire lui-même l’a eue. Il écrivait : — Ah ! mon cher Thériot, nous sommes en pleine Rome des Césars ! — Certes, Louis XV pouvait sembler un Vitellius très passable, mais Voltaire se trompait. Rome, sous les Césars, était atteinte d’un ramollissement cérébral ; c’est ce qu’on a nommé le Bas-Empire. Rien de tel à Paris. Paris a été garrotté quelquefois ; du temps de Voltaire, il l’était ; mais il faut distinguer entre un fait de paralysie et un fait de camisole de force. Ce n’est point la même immobilité.

Les poucettes gênent le geste, non la pensée. Henri III, passant rue des Sept-Voies, où devait germer la Ligue, disait : Ha ! vilain Paris, quelle joie de cracher sur ton pavé ! On n’était pas loin des barricades. Le pavé de Paris souffle tout jusqu’à ce qu’il venge tout.