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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/388

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Dans le Charivari, Pierre Véron s’exprimait ainsi :


La première partie du Paris-Guide vient de paraître.

Le livre s’ouvre magistralement par une introduction de Victor Hugo. Ces pages qu’on voudrait citer toutes sont une des grandes inspirations du maître. Entendez-le retracer à grands traits le sombre passé…


Et le rédacteur en chef du journal donne les passages concernant le vieux Paris, résume la deuxième partie, puis il ajoute :


… Comme il est inspiré, ce fier langage ! Comme elle est âpre aussi la satire du poëte parlant du Paris contemporain, le Paris des gandins et des petites dames, des tripots et des capitulations de conscience.

… Mais aussitôt il entrevoit l’ère promise, et il rêve pour la France un avenir rayonnant.

… L’Introduction de Victor Hugo suffirait à elle seule au succès de Paris-Guide ; mais une pléiade d’écrivains illustres gravite, autour du maître.


Reproduisons ces lignes de Ratisbonne publiées par le Journal des Débats :


… L’ensemble, toute réclame à part, est véritablement fort intéressant, et quelques bijoux d’esprit, d’observation ou de style brillent dans cet écrin. Le nom de Victor Hugo rayonne à la première page. Il a écrit l’introduction du livre. Il y a bien longtemps que l’auteur de Notre-Dame a quitté Paris, et c’est l’étranger qui pourrait raconter les changements de la capitale au poëte si longtemps absent. Mais il n’est pas poëte pour rien ; il laisse décrire à qui veut Paris nouveau ; il raconte, lui, Paris idéal ; il prophétise Paris futur, il chante en prose enflammée les libertés de l’avenir, le progrès et la paix. C’est un morceau de maître, je n’ai pas besoin de le dire, une manifestation de plus de cette imagination torrentielle et débordante que l’on connaît. La plume du poëte a, comme toujours, d’étranges beautés, des surprises qui ravissent, des étincelles qui éclaboussent, l’or par-dessus le clinquant, le puéril effacé par le sublime ; il décroche les étoiles, il se perd dans le vide au-dessus des nuées, il est puissant et fou, et on lui donnerait volontiers l’admiration qu’il réclamait pour le génie dans son étude sur Shakespeare ; on admirerait tout de lui « comme une brute » si l’homme n’était, par malheur, un animal critique.


Le Paris-Guide parut avec un bon mois de retard ; il était divisé en deux parties formant deux volumes. La première partie : La Science, l’Art ; la seconde partie : La Vie à Paris. Victor Hugo pouvait dire avec raison le 7 février : « la table offre un ensemble magnifique ». En effet, on y trouvait les noms suivants : Louis Blanc, Ernest Renan, Sainte-Beuve, Berthelot, Littré, Michelet, Eugène Pelletan, Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor, Edgar Quinet, Alexandre Dumas père et fils, Émile Augier, Émile de Girardin, Ambroise Thomas, Jules Janin, George Sand, Théodore de Banville, Jules Claretie, Victorien Sardou, Jules Simon, Berryer, Jules Favre, etc. Nous ne pouvons citer tous les noms. Mais la liste devait donner toutes les garanties et tous les apaisements à Victor Hugo qui était le glorieux porte-drapeau de cette phalange de nos meilleurs écrivains. On offrait aux étrangers qui venaient de tous les points du monde entier une œuvre collective de nos plus célèbres hommes de lettres, au frontispice de laquelle flamboyait l’Introduction qui était le plus superbe hommage rendu à Paris par le plus grand des poëtes.