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LA GUERRE D’ESPAGNE.

Empires, potentats, cités, royaumes, princes !
Pourquoi, puissants états, qui fûtes nos provinces,
Me demander s’ils ont vaincu ?

Ils ont appris à l’anarchie
Ce que pèse le fer gaulois ;
Mais par eux l’Espagne affranchie
Ne peut rougir de leurs exploits ;
Tous les peuples, que Dieu seconde,
Quand l’hydre, en désastre féconde,
Tourne vers eux son triple dard,
Ont, ligués contre sa furie,
Le temple pour même patrie,
La croix pour commun étendard.


V



Pourtant, que désormais Madrid taise à l’histoire
Des succès trop longtemps par son orgueil redits,
Et le royal captif que l’ingrate victoire
Dans ses murs envoya jadis.
Cadix nous a vengés de l’affront de Pavie.
À l’ombre d’un héros ravie
La gloire a rendu tous ses droits ;
Oubliant quel français a porté ses entraves,
La fière Espagne a vu si les mains de nos braves
Savent briser les fers des rois !

Préparez, Castillans, des fêtes solennelles,
Des murs de Saragosse aux champs d’Almonacid.
Mêlez à nos lauriers vos palmes fraternelles ;
Chantez Bayard ; — chantons le Cid !
Qu’au vieil Escurial le vieux Louvre réponde ;
Que votre drapeau se confonde
À nos drapeaux victorieux ;