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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/209

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À M. DE CHATEAUBRIAND.




ODE SIXIÈME.

LE GÉNIE.


Va d’un pas ferme au Capitole !
Le Tasse. Ode.


Les circonstances ne forment pas les hommes ; elles les montrent : elles dévoilent, pour ainsi dire, la royauté du génie, dernière ressource des peuples éteints. Ces rois qui n’en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force du caractère et la grandeur des pensées, sont élus par les événements auxquels ils doivent commander. Sans ancêtres et sans postérité, seuls de leur race, leur mission remplie, ils disparaissent en laissant à l’avenir des ordres qu’il exécutera fidèlement.
F. de La Mennais.


I

 
Malheur à l’enfant de la terre,
Qui, dans ce monde injuste et vain,
Porte en son âme solitaire
Un rayon de l’esprit divin !
Malheur à lui ! l’impure envie
S’acharne sur sa noble vie,
Semblable au vautour éternel ;
Et, de son triomphe irritée,
Punit ce nouveau Prométhée
D’avoir ravi le feu du ciel.