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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/227

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ODE ONZIÈME.

LE CHANT DU CIRQUE.


Panem et circenses !
Juvénal.


Cependant le peuple s’assemblait à l’amphithéâtre de Vespasien.
Chateaubriand. Les Martyrs.


César, empereur magnanime,
Le monde, à te plaire unanime,
À tes fêtes doit concourir !
Éternel héritier d’Auguste,
Salut ! prince immortel et juste,
César ! sois salué par ceux qui vont mourir !

Seul entre tous les rois, César aux dieux de Rome
Peut en libations offrir le sang de l’homme.
À nos solennités nous invitons la Mort.
De monstres pour nos jeux nous dépeuplons le monde ;
Nous mêlons dans le cirque, où fume un sang immonde,
Les tigres d’Hyrcanie aux barbares du Nord.

Des colosses d’airain, des vases de porphyre,
Des ancres, des drapeaux que gonfle le zéphire,
Parent du champ fatal les murs éblouissants ;
Les parfums chargent l’air d’un odorant nuage,
Car le peuple romain aime que le carnage
Exhale ses vapeurs parmi des flots d’encens.