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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/731

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— On t’appelle don Rodrigue,
Don Rodrigue de Lara ?

Et bien ! seigneur, le jeune homme
Qui te parle et qui te nomme,
C’est Mudarra le bâtard.
C’est le vengeur et le juge.
Cherche à présent un refuge ! —
L’autre dit : — Tu viens bien tard !

— Moi, fils de la renégate,
Qui commande une frégate
Du roi maure Aliatar,
Moi, ma dague et ma vengeance,
Tous les trois d’intelligence,
Nous voici ! — Tu viens bien tard !

— Trop tôt pour toi, don Rodrigue,
À moins qu’il ne te fatigue
De vivre… Ah ! la peur t’émeut,
Ton front pâlit ; rends, infâme,
À moi ta vie, et ton âme
À ton ange, s’il en veut !

Si mon poignard de Tolède
Et mon Dieu me sont en aide,
Regarde mes yeux ardents,
Je suis ton seigneur, ton maître,
Et je t’arracherai, traître,
Le souffle d’entre les dents !

Le neveu de doña Sanche
Dans ton sang enfin étanche
La soif qui le dévora.
Mon oncle, il faut que tu meures.
Pour toi plus de jours ni d’heures !…
— Mon bon neveu Mudarra,