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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/141

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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

M. Victor Hugo. — Messieurs, je résume d’un mot tout ce que je viens de dire. La monarchie de principe, la légitimité, est morte en France. C’est un fait qui a été et qui n’est plus.

La légitimité restaurée, ce serait la révolution à l’état chronique, le mouvement social remplacé par les commotions périodiques. La république, au contraire, c’est le progrès fait gouvernement. (Approbation.)

Finissons de ce côté.

M. Léo de Laborde. — Je demande la parole. (Mouvement prolongé.)

M. Mathieu Bourdon. — La légitimité se réveille.

(M. de Falloux se lève.)

À gauche. — Non ! non ! n’interrompez pas ! n’interrompez pas !

(M. de Falloux s’approche de la tribune. — Agitation bruyante.)

À gauche, à l’orateur. — Ne laissez pas parler ! ne laissez pas parler !

M. Victor Hugo. — Je ne permets pas l’interruption.

(M. de Falloux monte au bureau auprès du président, et échange avec lui quelques paroles.)

M. Victor Hugo. — L’honorable M. de Falloux oublie tellement les droits de l’orateur, que ce n’est plus à l’orateur qu’il demande la permission de l’interrompre, c’est au président.

M. de Falloux, revenant au pied de la tribune. — Je vous demande la permission de vous interrompre.

M. Victor Hugo. — Je ne vous la donne pas.

M. le président. — Vous avez la parole, monsieur Victor Hugo.

M. Victor Hugo. — Mais des publicistes d’une autre couleur, des journaux d’une autre nuance, qui expriment bien incontestablement la pensée du gouvernement, car ils sont vendus dans les rues avec privilége et à l’exclusion de tous les autres, ces journaux nous crient :

— Vous avez raison ; la légitimité est impossible, la monarchie de droit divin et de principe est morte ; mais l’autre, la monarchie de gloire, l’empire, celle-là est non-seulement possible, mais nécessaire.