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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/147

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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

de mai il ne quittera pas le pouvoir purement et simplement, comme il le doit, à moins d’être un séditieux.

Voix à gauche. — Et un parjure !

M. Vieillard[1]. — Ce sont là des calomnies, M. Victor Hugo le sait bien.

M. Victor Hugo. — Messieurs de la majorité, vous avez supprimé la liberté de la presse ; voulez-vous supprimer la liberté de la tribune ? (Mouvement.) Je ne viens pas demander de la faveur, je viens demander de la franchise. Le soldat qu’on empêche de faire son devoir brise son épée ; si la liberté de la tribune est morte, dites-le-moi, afin que je brise mon mandat. Le jour où la tribune ne sera plus libre, j’en descendrai pour n’y plus remonter. (À droite : Le beau malheur !) La tribune sans liberté n’est acceptable que pour l’orateur sans dignité. (Profonde sensation.)

Eh bien ! si la tribune est respectée, je vais voir. Je continue.

Non ! après Napoléon le Grand, je ne veux pas de Napoléon le Petit !

Allons ! respectez les grandes choses. Trêve aux parodies ! Pour qu’on puisse mettre un aigle sur les drapeaux, il faut d’abord avoir un aigle aux Tuileries ! Où est l’aigle ? (Longs applaudissements.)

M. Léon Faucher. — L’orateur insulte le président de la république. (Oui ! oui ! à droite.)

M. le président. — Vous offensez le président de la république. (Oui ! oui ! à droite. — M. Abbatucci[2] gesticule vivement.)

M. Victor Hugo. — Je reprends.

Messieurs, comme tout le monde, comme vous tous, j’ai tenu dans mes mains ces journaux, ces brochures, ces pamphlets impérialistes ou césaristes, comme on dit aujourd’hui. Une idée me frappe, et il m’est impossible de ne pas la communiquer à l’assemblée. (Agitation. L’orateur poursuit :) Oui, il m’est impossible de ne pas la laisser déborder devant cette assemblée. Que dirait ce soldat, ce grand soldat de la France, qui est couché là, aux Inva-

  1. Sénateur de l’empire.
  2. Ministre de la justice de l’empire, 120, 000 francs par an.